Le promeneur attentif s’en apercevra, le nombre d’avens qui jalonnent le Méjean le démontrent, nous marchons sur un immense gruyère calcaire. Au point que nul source ne coule sur ce territoire, les eaux trouvant plus directement le chemin des rivières en contre-bas en s’infiltrant dans les failles. Quelques poches d’eau persistent grâce à des couches d’argile bienveillantes, mais l’essentiel échappe à la nature, lui donnant son aspect de steppe. Cette eau a sculpté le relief à la surface comme sous nos pieds, l’Aven Armand en étant la plus impressionnante illustration.
Vestige de mers passées
Tout a commencé au Précambrien alors qu’un vaste océan recouvrait tout, il y a 300 à 500 millions d’années. Pendant que cet océan dépose au fil des millions d’années ses sédiments, arrachés à d’anciennes montagnes et composées de marnes, boues calcaires et argileuses, les éléments du décors à venir se mettent en place, avec des poussées granitiques au sein des couches sédimentaires, qui donneront naissance à l’Aigoual au Sud et au Mont Lozère au Nord.
L’ère primaire prend fin et les eaux montent à nouveau il y a 250 millions d’années, déposant sables, grès, marnes et enfin le calcaire qui nous intéresse. L’histoire géologique aurait pu en rester là mais les Pyrénées sortant de terre, la région, ne pouvant reculer vers les Alpes qui vivent une surrection, s’élève et se retrouve tassée. La mer se retire et les couches sédimentaires se fracturent, l’érosion fera le reste. Les failles apparues guideront les rivières qui creuseront inlassablement leur lit dans le calcaire, dessinant les différents causses à coup de gorges et de vallées profondes.
Le Gargo sur un plateau
Ainsi, le Causse Méjean, qui s’étant sur presque de 340 km2, est un vaste plateau calcaire au relief arrondi, bordé des gorges du Tarnon, du Tarn et de la Jonte, dont le point le plus bas se situe à 800 m d’altitude, et qui culmine à 1 247 m au mont Gargo situé sur sa bordure Est.
Entouré de sa “ceinture hydraulique”, relié à la terre par le col de Perjuret qui était le passage obligé des transhumants vers la Margeride, le Méjean est comme une île en plein ciel, souvent au dessus des brouillards qui accrochent les vallées comme une mer de brumes .